La production physiologique d’oxyde nitrique (NO), un composé volatile ayant des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire, peut être bloquée pharmacologiquement par des dérivés méthylés de l’arginine comme le NG-monométhyl-L-arginine (L-NMMA) ou le diméthyl arginine asymétrique (ADMA). Ces deux produits, capables d’inhiber la NO synthase par compétition avec l’arginine, sont également présents de façon endogène dans le plasma et l’urine.
Deux études prospectives indépendantes publiées dans la revue The Lancet montrent que l’ADMA pourrrait servir de marqueur de risque pour la maladie coronaire.
V-P Valkonen et coll. ont établi que dans une population de 70 hommes adultes, non-fumeurs et déjà victimes d’accidents coronaires, ceux ayant les taux d’ADMA sériques les plus élevés étaient quatre fois plus à risque de maladie coronaire aiguë. Après cinq ans de suivi des patients, ce marqueur sérique est apparu comme étant le facteur de risque le plus important, devançant l’hypertension, le diabète, une susceptibilité familiale à la maladie coronaire et une concentration élevée de cholestérol-LDL. En revanche, les taux d’ADMA n’étaient pas significativement augmentés chez 80 hommes sans antécédents cardiaques.
La seconde étude, de C. Zoccali et coll., a porté sur 225 patients hémodialysés trois fois par semaine et suivis sur une période moyenne de 33 mois. Les 81 personnes ayant eu des complications vasculaires présentaient des taux d’ADMA mesurés par HPLC significativement plus élevés que les personnes n’ayant pas présenté de telles complications (médiane à 3,21 µM contre 2,21 µM). Dans cette étude, un taux élevé d’ADMA plasmatique était le second facteur prédictif de risque de décès et d’événements cardiovasculaires après l’âge. Au vu de ces résultats, les auteurs suggèrent que la supplémentation en L-arginine pourrait contrer l’inhibition de la NO synthase médiée par l’ADMA, et donc avoir un effet favorable sur l’évolution clinique de la maladie coronaire.
Dans un éditorial de la revue, le Dr Patrick Vallance, à l’origine de la découverte de l’ADMA, souligne que ce produit est normalement éliminé de l’organisme par une enzyme rénale, la DDAH (diméthyl arginine diméthylaminohydrolase), dont la déficience chez certains patients pourrait expliquer les taux élevés d’ADMA et la susceptibilité plus forte à la maladie coronaire. Cette hypothèse, et la valeur prédictive du taux d’ADMA pour d’autres maladies cardiovasculaires, méritent désormais d’être testées ajoute aussi l’expert.
Posté le 12/02/2007 par latrache